J'ai regardé la première vidéo...
Vers la cinquième minute, lorsque cette femme avance que
« si des choses réémergent, (…) que si c'est inconfortable et qu'on aime pas dans le sens ce n'est pas beau, ce n'est pas spirituel, ce n'est pas ce que j'ai envie de vivre ou de ressentir, on a tendance à le rejeter », elle a beau guillemetter des doigts que ça me moyen-bof quand même.
Je me suis demandée de quelle spiritualité elle parlait. Quelle était cette spiritualité utilisée pour poser un jugement sur un ressenti intérieur ? Franchement, qui se dit ce genre de choses ? Qui se fait ce genre de réflexions ? Qui a ce genre d'inquiétudes ? Qui travaille le déni comme ça ? En quoi ce ressenti inconfortable altérerait la spiritualité d'un être ? En quoi serait-il en-dehors de son cheminement spirituel ? Quelle était cette spiritualité de posture, d'esthétique beau/pas beau, de paraître ?
Puis, elle continue en expliquant que les angoisses pourraient être telles que
« beaucoup de personnes vont penser, vont prier pour pouvoir quitter ce plan terrestre, elles vont penser à mettre fin à cette souffrance, se demander si mettre fin à l'expérience de la souffrance sur Terre dans ce corps physique ne serait pas la solution à sa libération »... Si on utilise les mots et expressions
"mort", "mourir", "envie de mourir", "suicide", "suicidaire", "idées noires", "pensées morbides", "pensées suicidaires", on n'est plus spirituel ? Ce n'est pas beau ? Les démons remontent peut-être mais il y a une distance manifeste dans la façon de les aborder dans cette guidance. Je ne crois pas que ce soient avec des chapes de plomb verbales façon ronds de jambe que l'on s'en défait. Pourquoi édulcorer joliment ? Parce que ça fait plus spirituel ? Alors, cette tendance qu'elle décrit à mettre les choses difficiles sous le tapis, j'ai l'impression que c'est justement ce qu'elle fait.
Enfin, son conseil de
« transmettre cette vidéo aux personnes qui se débattent et auront l'envie de quitter ce plan, leur dire, nous qui avons un pas d'avance sur eux car nous regardons cette vidéo (j'avais écrit cette "vidée"
) et comprenons son langage à elle et au-delà du langage, la vibration de son message "tu sais, ce que tu vis, je le comprends et saches que c'est normal, tu as juste à arrêter de te battre contre toi-même (…) et te reconnecter à ton être de lumière, accepter de ressentir ce qui est en te connectant ici à quelque chose de beaucoup plus grand, il y a un grand plan qui est à l’œuvre (...) », ça m'a fait froid dans le dos. Et je me suis retrouvée ensuite cul par-dessus tête.
Il ne suffit pas de dire
« je comprends » à quelqu'un qui va mal pour qu'il se sente compris. Comment se sentir compris quand il est dit que
« c'est normal » alors que la souffrance est insoutenable ? Comment l'entendre, comment accueillir des propos dénués de substance quand la souffrance vrille l'être physiquement et psychiquement ? Qu'est-ce qu'on en a alors à foutre de son être de lumière et du grand plan ? C'est le lot de consolation de celui/celle qui se veut spirituel-le ? C'est ça ?
Je ne crois pas que ce soit de cette façon que l'on soutient quelqu'un qui est suicidaire. Si d'autres si retrouvent, c'est bien, vraiment, mais pour avoir eu envie de mourir, un tel contenu ne m'aurait pas aidé. De toute façon, mes proches ne m'auraient jamais transmis ça
Non, il ne s'agit pas juste d'arrêter de se battre contre soi-même. Ce n'est forcément une lutte contre soi qui génère un mal-être Il ne faut pas
"juste" faire ceci ou cela. Ce serait trop simple, trop superficiel. D'ailleurs, arrêter de se battre contre soi-méme est une formulation assez ambivalente parce que pour l'être en souffrance qui essaye, qui s'accroche, ça peut justement signifier se laisser-aller à ses pensées suicidaires.
Et non, que d'autres traversent possiblement les mêmes difficultés ne permet pas d'être rassurer ou de relativiser, ce qui peut, quand c'est entretenu, rendre la réalité psychique inatteignable. Quelqu'un de suicidaire ne peut pas entendre ce genre de propos. Comme il ne peut pas entendre que la période est
« exceptionnelle » car c'est beaucoup trop tôt. Complètement asymétrique en terme de temporalité.
Y'a du sourire – j'avais écrit du
"discours", elle présente bien, elle passe bien à la cam, elle s'exprime clairement et sans doute est-elle bien intentionnée mais, oui, elle m'a fait froid dans le dos. Je ne l'ai pas trouvée très empathique. Presque déconnectée. À se demander si elle avait vraiment traversé ses enfers
(ça, bien-sûr, c'est parce que je pense qu'ils se traversent) ou si elle en était restée au stade de projection.
Voilà, ce n'est que mon avis. Mais j'avais à cœur de le donner.